
Coupe du Monde : ça tourne pas rond au Brésil
A 150 jours du début du Mondial, rien ne va plus au pays du foot… Reportage sur place avec notre correspondant permanent Eric Frosio.
A 150 jours du début du Mondial, rien ne va plus au pays du foot… Reportage sur place avec notre correspondant permanent Eric Frosio.
Ils étaient moins nombreux que prévus mais leur rassemblement a fait son effet. Samedi, les anti-Mondial se sont réunis devant le Copacabana Palace pour protester contre la tenue d’une « Coupe du Monde trop chère et qui ne laissera aucun héritage à la population. » Le groupe d’une centaine de personnes, dont une poignée de Blacks Blocks, les plus radicaux, ont surtout promis de remettre ça le plus vite possible pour réveilleur les consciences et reprendre un mouvement qui avait attiré des milliers de gens dans la rue en juin dernier.
A l’invitation des Anonymous, d’autres villes hôtes, ont également protesté samedi. C’était le cas à Sao Paulo où 2 500 personnes ont manifesté avant que des violences n’éclatent et que la Police procède à 146 interpellations. « Tout cet argent gaspillé c’est une aberration, regrettait Renato, un jeune de 19 ans devant le Copa Palace. Notre système de santé, d’éducation et de transport est catastrophique et au lieu d’investir pour améliorer tout ça on construit des stades avec de l’argent public. C’est triste. J’aime le foot, c’est même ma passion, mais j’aime surtout mon pays et là je vois qu’il prend la mauvaise direction. »
“Le Brésil va se taper la honte car il n’est pas du tout préparé à organiser un événement d’une telle ampleur” Rivaldo
Du côté des grandes figures du ballon rond, Romario n’est plus le seul à déplorer les dépenses astronomiques du comité d’organisation. Le pourtant très discret Rivaldo a expliqué à la radio JovenPan que « le Brésil allait se taper la honte car il n’est pas du tout préparé à organiser un événement d’une telle ampleur. » Et Carlos-Alberto Parreira, le directeur des sélections, d’en rajouter une couche : « Beaucoup de chantiers seront seulement finis en 2018, en 2020 ou pour les Jeux Olympiques, mais nous voulions que tout soit prêt pour la Coupe du monde. Il y a eu beaucoup de négligences, a-t-il déclaré au micro de CBN Radio. Nous avons manqué l’occasion de montrer un Brésil différent. La Coupe du monde, ce ne sont pas que des stades, il faut aussi assurer le déplacement des supporters. A Paris ou à Londres, vous pouvez prendre le métro, le train, le bus, le taxi. Ici, il n’y a pas tous ces choix. Quand je vois la beauté d’une ville de Rio de Janeiro et tout ce qu’elle peut offrir au monde, j’ai beaucoup de regrets. »
Les aéroports seront presque tous en travaux quand plus de 600 000 passagers vont débarquer au pays du foot…
A moins de 150 jours du Mondial, les chantiers sont encore nombreux. Ceux des stades de Sao Paulo, qui doit accueillir le match d’ouverture, ou celui de Coritiba qui pourrait être finalement écarté, sont loin d’être achevés. Les aéroports seront presque tous en travaux quand plus de 600 000 passagers vont débarquer au pays du foot. Ajouté à cela la grogne social qui se fait entendre et l’on obtient un bilan qui frise le zéro pointé. Il n’y a finalement que la seleçao de Luiz-Felipe Scolari qui tient son rang et qui semble déjà prête. Pour le reste, c’est déjà presque trop tard.
Par Eric FROSIO, notre correspondant permanent à Rio de Janeiro