
Cris : « Thiago Silva est une légende »
Scolari, Thiago Silva, Lucas, Fred, Neymar, son avenir au Brésil : Cris, l’ex Policier Lyonnais s’est confié en exclusivité cette semaine à Foot-Express.com.
- 25 février 2014
- Posté dans Brasil 2014
Actuellement sans club après une dernière expérience au Vasco de Gama, Cris espère rebondir une dernière fois, peut-être au Cruzeiro, champion du Brésil en titre. En attendant, l’ancien Policier lyonnais observe de près le redressement de la seleçao (qui va affronter en amical l’Afrique du Sud, le 5 mars) et nous décrypte le rôle de Scolari et la place de Thiago Silva, Fred ou Lucas au sein de l’équipe championne de la Coupe des confédérations…
Cris, la seleção va beaucoup mieux depuis que Scolari a pris les commandes. Comment a-t-il pu tout changer ?
Je le connais bien, j’ai travaillé avec lui plusieurs fois, notamment en équipe nationale. C’est un coach qui travaille le mental de ses joueurs. Il a choisi un groupe et il ne va pas en changer. C’est comme ça qu’il a réussi à modifier la façon de jouer, de penser même de cette équipe brésilienne. Aujourd’hui on y croit, on va entrer dans cette Coupe du monde pour la gagner, on a de l’espoir. Pour le public on est déjà en finale, on va même la gagner ! Ce n’était pas comme ça avant la Coupe des Confédérations. Avant cela, on avait des doutes, on avait perdu notre style, on ne savait pas qui allait jouer…Aujourd’hui on connaît l’équipe type et ça fait la différence.
Mais comment Scolari a-t-il changé les mentalités ? Quel est son secret ?
Il donne confiance à ses joueurs ! C’est la première chose à faire : construire un groupe de 20 joueurs en qui il croit et sur lequel il peut compter. Quand tu as une base et que tu donnes confiance à cette base, tu as tout gagné. Les joueurs vont se battre pour rester, pour progresser et pour gagner la Coupe du monde. Scolari il aime bien discuter, parler à ses joueurs, et c’est agréable un coach qui communique. Je sais que dans le groupe ils apprécient cette façon de faire. Sur le terrain aussi, il donne cette liberté. Pour résumer, c’est un coach qui te donne une certaine liberté tout en te donnant des responsabilités, et ça c’est magnifique.
C’est ce qu’il a fait avec Fred en lui disant : ‘‘tu seras mon numéro 9 pour le mondial’’ ?
Oui voilà et il l’a fait aussi avec notre gardien Julio Cesar. C’est un coach qui donne confiance à ses joueurs. Et les joueurs ont besoin de ça. On se nourrit de ça. Nous sommes à 6 mois de la Coupe du monde et le coach te dit publiquement que tu seras dans le groupe ! C’est rare et c’est magnifique. Tu es obligé d’assurer derrière un truc pareil.
En France tout le monde est surpris que Fred soit le numéro 9 de la seleçao. Vous pensez qu’il a les épaules pour assumer une telle pression lors d’une Coupe du monde au Brésil ?
(il sourit) Fred a été deux fois meilleur joueur du championnat brésilien, il marque des buts, il a de l’expérience en Europe. Oui il a les épaules pour assumer ça. On parle beaucoup de lui comme le meilleur numéro 9 derrière Ronaldo. Ce n’est pas rien. Il se prépare, il est en confiance, il revient de blessure mais il sera prêt. En ce moment, il ne pense qu’à ça et les Brésiliens croient en lui.
Mais est-il enfin professionnel ?
Si le joueur est décisif sur le terrain, on s’en fout de ce qu’il fait en-dehors. Vous savez, à Lyon, Fred était professionnel. Il a eu des problèmes dans sa vie privée mais ça arrive à tout le monde. C’est à cause de ça qu’on l’a catalogué comme joueur ingérable. Mais c’est un joueur professionnel. Il l’est aussi au Fluminense et je peux vous garantir qu’il aura les épaules pour supporter la pression d’être le numéro 9 de la seleçao.
En revanche Scolari ne fait pas de cadeaux à Lucas. Pourquoi ne lui fait-il pas confiance ?
Avant son départ, Lucas était considéré comme le meilleur brésilien avec Neymar. Il est parti à Paris dans un grand club, où il y des stars et ce n’est pas facile. C’est un jeune joueur et quand tu ne connais ni la culture, ni la langue, ce n’est pas évident. Aujourd’hui, je sens qu’il progresse, il fait des passes décisives, il joue pour l’équipe, il est plus motivé, c’est un autre joueur. Mais en équipe nationale, il n’a pas eu sa chance, ou très peu et c’est difficile. Je ne sais pas ce que pense Scolari, mais pour moi il doit aller au Mondial, c’est un joueur formidable, il n’a pas forcément besoin d’être titulaire mais il peut faire la différence en deuxième mi-temps.
Pensez-vous que Ronaldinho ou Kaka ont encore une chance de faire partie des 23 ?
Je ne sais pas trop. Ca sera plus difficile pour eux que pour Lucas. Mais vous savez l’expérience compte beaucoup dans ce genre de rendez-vous. Je pense qu’entre les trois, Scolari va en choisir un.
Neymar sera-t-il à la hauteur des espérances de tout un peuple ?
C’est lui qui a les clés du camion. S’il marche bien il va nous emmener très haut. C’est un joueur fabuleux. Je crois en lui. Il a déjà montré au Barça, avec une adaptation rapide, que c’est un joueur hors-norme.
Que pensez-vous du capitaine, Thiago Silva ?
C’est une légende, tout simplement. Il montre ses qualités sur le terrain, c’est un grand défenseur, une personne extraordinaire. Je le connais un peu. C’est le leader, il va nous amener son expérience, son leadership, il va amener les autres à élever leur niveau de jeu, il a progressé, évolué, on attend beaucoup de lui. Franchement j’aurais aimé jouer avec lui. Je l’ai affronté quand il était à Fluminense et moi au Cruzeiro.
L’Equipe de France va-t-elle faire une grande Coupe du Monde ?
Ca dépend d’eux ! Sur le papier, ils ont des grands joueurs, peut-être le prochain ballon d’or avec Ribery. Mais sur le terrain il faut être plus uni, et viser l’objectif suprême. S’ils se montrent moins égoïstes, alors oui, je crois qu’ils pourront faire une grande Coupe du Monde.
Les Bleus ont choisi Ribeirao Preto comme camp de base, vous approuvez ?
Ah bon ? Je ne savais pas ! J’ai de la famille là-bas. C’est une ville sympa, les gens sont agréables. C’est calme, loin des tentations, de São Paulo notamment. Oui c’est un bon choix pour se préparer dans la tranquillité.
Par Eric FROSIO, correspondant permanent de Foot-Express.com à Rio, au Brésil