
On a vécu Allemagne-Portugal depuis la favela de Rocinha
Foot-Express.com vous plonge au cœur de la favela de Rocinha pour vous faire (re)vivre Allemagne-Portugal. Replay.
Foot-Express.com vous plonge au cœur de la favela de Rocinha pour vous faire (re)vivre Allemagne-Portugal. Replay.
De bas en haut. Pour la contempler on est obligés de lever les yeux, tellement elle en impose. Elle, c’est la favela (dire la «communauté » ) de Rocinha sur le territoire de Sao Conrado, dans la zone sud de Rio. Entre 180 000 et 220 000 habitants selon les dernières estimations. Un dénivelé impressionnant qui propose, à son sommet, une vue imprenable sur la baie de Rio.
Voilà pour la localisation géographique. Une favela haute en couleurs, quasi inaccessible sauf en deux roues. C’est le pari que nous avons pris à Rio pour vivre le choc du groupe Allemagne-Portugal. Au coup d’envoi, dans les bars, restaurants et commerces tous les écrans sont sous tension : petits postes ou plasma, l’affiche capte l’attention. Rapidement l’Allemagne prend une option sur le match, mais dans les rues de Rocinha très peu de touristes ou de supporters. C’est l’heure de déjeuner, au kilo, la meilleure formule du Brésil (vous payez le poids du contenu de votre assiette).
Plus on grimpe dans la favela, moins les écrans sont présents. Parfois on entend le son d’un vieux transistor, ou d’une télé qui grésille un peu. Peu importe ce n’est pas la Séleçao qui joue, juste la Mannschaft, contre l’un des « meilleurs ennemis » du Brésil : le Portugal de Cristiano Ronaldo. Dans la rue à contre sens on croise des enfants, des mamans, des ados. Dans l’heure de midi, on peut dire que la favela tourne au ralenti.
Une explosion de joie nous surprend…
Puis soudain une explosion de joie nous surprend dans le garage d’un immeuble. C’est une Dame qui se réjouit du doublé de Müller. « Trois à zéro contre le Portugal de Ronaldo, c’est fou ça ! », crie-t-elle. Ca fait sourire son mari juste à ses côtés. Encore deux cents mètres et on arrive à une petite place décorée aux couleurs du Brésil. Là, Lucas et ses amis posent fièrement et exposent leurs tatouages. De petits « trafiquants » à peine majeurs qui n’ont pas froid aux yeux. On fait une photo souvenir, on échange quelques banalités, mais on ne s’éternise pas même si Rocinha a été « nettoyée » selon les autorités à quelques mois du début de la Coupe du monde. Eux, le match ils ne le regardent même pas et pas sûr que le résultat final les intéressera d’ailleurs. L’Allemagne s’imposera 4-0 finalement face au Portugal. Encore un carton dans cette XXe Coupe du monde, qui a du mal à mobiliser les Brésiliens quand la Séleçao ne joue pas. Sur le trajet du retour, de haut en bas, rien ne changera vraiment. Quelques postes de télé deci-delà, mais pas la grande effusion. Rocinha n’est pas prête de s’embraser pour… la Coupe du monde.
Par Olivier SCHWOB, envoyé spécial à Rio de Janeiro