
Lions Indomptables : malaises dans la tanière
Le Cameroun de Samuel Eto’o a subi sa deuxième défaite en autant de matches au Brésil et est éliminé de la Coupe du monde. Les supporters sont en colère : le retour au pays s’annonce difficile.
- 21 juin 2014
- Posté dans Brasil 2014
Le réveil a été difficile pour les Camerounais jeudi matin, dans la capitale Yaoundé. Humiliation, honte, les sentiments se bousculent… Chaque supporter des Lions Indomptables, désormais appelés « chats bottés », exprime sa déception suite à la prestation médiocre de la bande à Samuel Eto’o. Cette seconde défaite face à la Croatie, dans la nuit de mercredi à jeudi, sur un score sans appel de 4 buts à 0, a mis K.O. le peuple camerounais. Une défaite de trop qui vient réduire à néant les derniers espoirs de qualification des Lions pour le second tour. Tout est remis en cause, notamment le coaching et le choix des joueurs envoyés au Brésil. Les Coupes du monde se suivent et se ressemblent décidément pour le Cameroun.
Les cas Eto’o et Song font parler…
Que dire de la défection de Samuel Eto’o contre la Croatie ? Le joueur déclare souffrir du genou, mais au Cameroun, cette absence est ressentie comme un chantage. Beaucoup pensent que l’attaquant a été dépassé par les évènements. Quant au coup de poing d’Alexandre « Tyson » Song, qui lui a valu une exclusion, il fait couler beaucoup d’encre et de salive. Pour les Camerounais, le sociétaire du Barça est tout simplement tenu pour responsable de la défaite des Lions face à la Croatie.
Assou Ekotto et Moukandjo au judo !
Benoît Assou Ekotto et Benjamin Moukandjo ont transformé la pelouse en tatami. Ce match symbolise le malaise qui existe au sein de la tanière. Côté dirigeant, les nouvelles ne sont pas encourageantes pour l’avenir. En effet, le Ministre des Sports du Cameroun et le président du Comité de normalisation de la FECAFOOT, présents à Vitoria au Brésil, sont eux aussi à couteaux tirés. L’un reprochant à l’autre de refuser de dépenser l’argent mis à sa disposition par le gouvernement. Le ministre des Sports, pour sa part, a refusé que les membres du comité rentrent dans l’avion des Lions, pour Manaus. Rien ne va plus au sein de la délégation camerounaise.
Les supporters victimes eux aussi
Les supporters, témoins de tous ces malaises, ne savent plus à quel saint se vouer. Dans les quartiers chauds de la capitale camerounaise, le bilan serait lourd puisque l’on dénombre un mort des suites d’un arrêt cardiaque après le quatrième but croate. Moins grave, un écran téléviseur plasma aurait aussi été réduit en morceaux par sa propriétaire suite à la défaite des Lions. L’heure des bilans semble avoir sonné. Chacun y va de son commentaire.
Les anciens prennent la parole
Eric Djemba Djemba ex lion indomptable parle d’une équipe sans âme. Si selon lui, Samuel Eto’o est l’un des meilleurs joueurs de sa génération, il reste persuadé que l’actuel capitaine des Lions n’est pas un bon rassembleur et récolte les fruits d’un brassard mal hérité. Roger Milla, footballeur africain du siècle, resté au pays, dénonce depuis la nuit des temps le manque de professionnalisme et de bonne gestion du football camerounais. Pour lui, les coupables sont connus : le Ministère des Sports et la FECAFOOT.
Les primes en question
Les problèmes de primes qui ont fait jaser avant le départ des Lions pour le Brésil refont surface. Mais cette fois c’est le peuple qui demande des comptes aux Lions et exhorte le président Paul Biya de recommander aux joueurs de rembourser la totalité des primes perçues avant le Mondial d’une valeur de 85 496 euros. Si pour les uns, certains joueurs doivent « prendre leur retraite et laisser la place aux jeunes », pour les autres, ils doivent être « limogés » sans aucune autre forme de procès. Ils ont tous contribué « à ternir l’image du pays ».
Une honte pour le pays de Roger Milla
Le patriotisme et la foi ayant déserté, intrigues, clans et argent sont désormais les maux qui minent cette équipe nationale, jadis fleuron de tout un pays. Deux Coupes du Monde d’affilée sans victoire pour le Cameroun : une honte pour le pays de Roger Milla, qui, pour sa première participation à une phase finale de coupe du Monde en Espagne 82 avait habitué ses fans à mouiller le maillot. De l’avis de tous, les coupables sont connus et le temps du grand déballage doit enfin sonner. Mais la dernière rencontre face au Brésil, qui compte pour du beurre, semble ne plus intéresser bon nombre de supporters au Cameroun. D’ici là, l’on se demande à quelle sauce les Lions se feront manger par la Seleçao qui n’est mathématiquement pas encore qualifiée. Comme on dit : « Wait and see » !
Louis Abondo, à Yaoundé