
Samuel Ipoua “L’Algérie n’est pas un favori indiscutable”
A la veille des quarts de finale de la CAN 2015, Samuel Ipoua, consultant pour I-Télé, Europe 1 et L’Equipe 21, nous donne son sentiment sur cette 30e édition.
- 29 janvier 2015
- Posté dans CANCAN 2015Foot africain
Samuel, quel est ton sentiment général sur cette CAN 2015 ?
Je crois qu’il faut saluer la Guinée Equatoriale. Tout organiser au pied levé malgré les menaces liées à Ebola ou la fièvre rouge n’a pas du être simple. Les stades sont pleins, l’ambiance est bonne, les arbitres font bien leur travail. Tout se passe bien.
Le niveau de la CAN s’améliore-t-il ?
Il est très difficile de faire des comparaisons avec les éditions précédentes. Certes il y a eu de meilleures Coupes d’Afrique, mais nous avons des déceptions et des surprises comme d’habitude. Tout le monde se bat, les matches sont âpres. D’où les nombreux matchs nuls. Une chose est sûre : ce n’est pas une CAN au rabais.
Quelles sont tes déceptions ?
Je pensais pouvoir voir autre chose du Burkina Faso. Ils n’ont pas tenu leur rang de vice-champions, surtout en l’absence du Nigéria. Par ailleurs, bien qu’elle soit qualifiée pour les quarts, je m’attendais à mieux concernant la Côte d’Ivoire. Avec ses performances, on peut se demander si Wilfried Bony coûte autant d’argent. Yaya Touré n’est pas le même qu’à City, c’est embêtant. Et pour finir, je suis un peu déçu des performances du Sénégal et du Cameroun. Ils avaient, selon moi, l’effectif pour aller en quarts.
Et les bonnes surprises ?
De manière générale, les équipes jouent. Les grands ballons devant ont laissé leur place à un jeu construit. On ne peut que s’en réjouir. L’écart entre les grandes nations et les petites s’est affaibli. Ce n’est pas un hasard si nous avons dû attendre jusqu’au troisième match pour connaître les qualifiés dans chaque groupe.
Que penser de la qualification pour les quarts de la Guinée Equatoriale alors qu’elle ne devait pas disputer la compétition ?
C’est un véritable exploit. En très peu de temps, ils ont du trouver un sélectionneur et se préparer. Dans ce match à enjeu contre la Tunisie, ils pourraient bénéficier du fait qu’ils soient à la maison. Et qui sait, pourquoi ne pas aller au bout?
L’Algérie assume-t-elle son rôle de favori ?
Ils se sont qualifiés pour les quarts de finale donc oui. Si elle n’avait pas passé les poules, les supporters n’auraient pas compris. En revanche, je ne suis pas convaincu par le jeu qu’ils ont développé. Yacine Brahimi est un peu éteint, Sofiane Feghouli est absent. On va voir si Christian Gourcuff peut supporter la pression, montrer qu’il a des c…, on sait déjà qu’il a l’expérience de la gestion d’hommes. Mais la pression de tout un pays, c’est autre chose. Mais cette équipe n’est pas un favori indiscutable.
Qui va remporter le trophée ?
C’est très difficile à dire. Selon moi, il n’y a pas une nation qui est vraiment au dessus. Ces deux dernières années, la CAN a perdu de grands joueurs (Drogba, Etoo), cette compétition manque aujourd’hui de vrais leaders. Yaya Touré, Gervinho ou Aubameyang ne sont pas au niveau. En plus, on a besoin de ces stars pour amener de la lumière sur la CAN, c’est essentiel.
Comment expliquer le parcours du Cameroun ?
L’équipe est en reconstruction. Dernièrement elle a perdu des cadres importants, ce n’est pas facile à digérer. Pour être performant à la CAN, il faut de l’expérience. Les Camerounais en manquent mais de part leur statut et leur histoire, la sélection se doit de passer la phase de poule. Quelques joueurs tiennent leur rang, Stéphane Mbia, Nicolas Nkoulou ou Henri Bédimo. D’autres sont prometteurs : Clinton N’Jié. Selon moi Eric Choupo Monting doit devenir le leader technique de cette équipe. Il a les qualités mais il faut qu’il rende son jeu plus efficace.
Un mot sur le sélectionneur allemand Volker Finke très critiqué ?
Je pensais qu’après l’échec de la CAN, il démissionnerait. La fédération l’a confirmé dans ses fonctions. Ils voulaient travailler sur le long terme, ce qui, après réflexion était positif. Mais il est arrivé au bout. Je ne veux pas tirer sur les personnes qui essayent. Pour s’intégrer, Volker Finke a fait l’effort d’apprendre le français, il a fait tout ce qu’il a pu. Il ne mérite pas qu’on lui jette la pierre.
Propos recueillis par Gauthier DUCHAINE