
Bordeaux : Un Poko más ?
A Caen, André Poko pourrait enchaîner une cinquième titularisation de suite avec Bordeaux, où Willy Sagnol semble de plus en plus compter sur lui. Analyse.
- 6 mars 2015
- Posté dans Ligue 1
Il y a peu de temps, certains lui reprochaient encore un jeu parfois brouillon, des transmissions de balle ratées, des mauvais choix dans la dernière ou l’avant dernière passe. Avec l’arrivée de Clément Chantôme au mercato de janvier, d’autres lui promettaient un séjour prolongé sur le banc à son retour de la CAN 2015. En très peu de temps, André Poko a réussi à mettre tout le monde d’accord sur une chose : il est désormais un titulaire en puissance chez les Girondins de Bordeaux. Son jeu s’est fluidifié, Poko l’a épuré au gré des conseils du staff et de la concurrence.
“La concurrence c’est une très bonne chose, a-t-il reconnu cette semaine au moment d’évoquer, notamment, la venue de Clément Chantôme. Ca apporte beaucoup au sein du groupe. J’avoue que j’ai eu un petit peu peur. Ça m’a permis de travailler aussi. Je continue à travailler. J’ai eu ma chance, je l’ai saisie donc c’est un mal pour un bien » Lucide en conférence de presse, le jeune Bordelais (22 ans), fait les efforts nécessaires et cela paye. Il a quasiment joué autant de matches en cette deuxième partie de saison qu’en première. Avant le déplacement en Normandie, tous les voyants sont au vert pour le jeune gabonais aux chiffres bien ronds : 50 matches disputés sous le maillot girondin, dont 44 en Ligue 1 sur trois saisons, 1 but, 7 cartons jaunes, 2 rouges.
Le coup de pouce de Gernot Rohr
Sur de ses qualités, “mon objectif à chaque match, c’est de récupérer le plus de ballons possibles, et apporter à l’équipe, c’est mon point fort”, Poko semble avoir un rôle grandissant dans l’équipe composée par Willy Sagnol. Notamment depuis le passage en 4-4-2 en losange. Sous contrat jusqu’en 2017, l’international Gabonais (25 sélections), représente l’avenir du club au milieu de terrain. A 33 ans, Plasil, son aîné risque de jouer de moins en moins et Sertic semble avoir du mal à redevenir le taulier dans l’entrejeu. Poko sait qu’il a une vraie carte à jouer sur les deux mois à venir pour rester dans le onze girondin et s’y installer durablement. L’objectif qui l’habite depuis qu’il a quitté son Gabon natal pour rejoindre l’Aquitaine, sur les recommandations de Gernot Rohr.
Sélectionneur des Panthères du Gabon entre 2010 et 2012, Gernot Rohr a toujours cru en Poko, formé à l’US Bitam, club situé à l’extrême nord-Ouest du Gabon, à quelques kilomètres du Cameroun et de la Guinée-Equatoriale. C’est d’ailleurs lors d’un match amical estival entre le Gabon et les Girondins qu’ André Biyogo Poko de son nom complet tape dans l’œil des dirigeants bordelais. L’ex-entraineur de Bordeaux (au début des années 1990) avait vu juste, le club le fait venir en Gironde. D’abord à la disposition de l’équipe réserve, le Gabonais dispute neuf rencontres lors de sa première saison puis intègre le groupe professionnel en 2012. Cette même année, il joue son premier match avec les pros contre Newcastle et délivre une passe décisive pour Cheick Diabaté. Dans le groupe Bordelais, son profil est apprécié par ses entraîneurs, Francis Gillot puis Willy Sagnol, qui l’utilisent tantôt en sentinelle, tantôt sur un côté.
Un jeu différent
Cette saison, l’effectif Bordelais est plutôt fourni dans l’entrejeu. Dans cet embouteillage au milieu, André Biyogo Poko a pourtant su se faire une place parmi les grands. Placé sur le côté droit du losange, il déploie toute son énergie pour ratisser les ballons et accompagner les attaques. Sa générosité sur le terrain donne de la fraîcheur à l’entrejeu Bordelais qui peut ronronner avec des joueurs plus posés comme Plasil ou Chantôme. L’impact physique qu’il apporte est également très important pour l’équipe. Toujours présent dans les duels, il n’est pas le genre de joueur à se rouler trois heures par terre après avoir reçu un coup. En le faisant jouer Willy Sagnol parie sur l’avenir. Le numéro 17 Bordelais est polyvalent, son importance à Bordeaux pourrait grandir grâce à l’expérience qu’il engrange match après match. Hargneux sur le terrain, Poko a toutes les cartes en main pour devenir rapidement un jeune taulier et sillonner, pourquoi pas, l’Europe avec Bordeaux. Histoire de poursuivre son voyage en ballon.
Par Gauthier DUCHAINE avec Olivier SCHWOB, à Bordeaux