
Khazri l’Aigle de Bordeaux
Joueur racé et influent, l’international tunisien Wahbi Khazri pourrait prendre une nouvelle dimension chez les Girondins cette saison. A condition de confirmer.
Joueur racé et influent, l’international tunisien Wahbi Khazri pourrait prendre une nouvelle dimension chez les Girondins cette saison. A condition de confirmer.
A la 40e minute de Bordeaux-Nantes, alors qu’il vient de complètement rater sa panenka, Wahbi Khazri n’était pas vraiment le joueur préféré de Willy Sagnol. “Ca m’a agacé, j’ai eu envie de le sortir”, a pesté l’entraîneur des Girondins après coup. “Il y a des gestes qui ne sont pas sur un terrain. Le plus beau geste, c’est celui qui est efficace. On est presque allés au bout du monde, au Kazakhstan, on était fatigués. On n’a pas le droit de faire passer son intérêt personnel avant celui de l’équipe.”
Heureusement pour son matricule, le Tunisien s’est rattrapé. Cinq grosses minutes plus tard, alors que Bordeaux bute sur son rival nantais, l’ancien Bastiais profite du bon travail d’Enzo Crivelli pour se jouer de Lucas Deaux et tromper Rémy Riou. Un but qui libère ses coéquipiers mais qui lui évite surtout une grosse engueulade dans les vestiaires. Un but qui lance aussi ses coéquipiers et leur offre leur première victoire de la saison en championnat. Car, comme souvent cette saison, Khazri s’est mué en leader en l’absence de nombreux cadres, à commencer par Lamine Sané, Jaroslav Plasil, Cédric Carrasso ou Grégory Sertic. L’international tunisien a souvent porté le club sur ses épaules, notamment au mois d’août où il a inscrit trois buts.
Khazi, fort aussi dans la tête
Et son geste un peu fou, raté cette fois, ne change rien. “J’ai tenté un geste que j’ai déjà réussi; cette fois, j’ai raté. J’ai eu un petit moment de solitude mais je n’ai pas douté”, a ajouté Khazri. Pas question pour le zéro devenu héros de se cacher. Il assume. Il a soufflé le froid, puis le chaud. Comme souvent depuis qu’il est arrivé au Haillan, où l’Aigle de Carthage s’est imposé comme un leader technique. “La meilleure réponse était de marquer et de faire taire les commentaires désobligeants à mon encontre”, assure l’ancien joueur de Bastia qui constitue le meilleur atout offensif bordelais. Son dynamisme, sa réussite, sa force de percussion parlent pour lui.
Son mental aussi. Khazri aurait pu sombrer dans cette partie et ne jamais remonter. “J’ai eu un moment de solitude”, confesse l’intéressé. “Tu peux rater mais pas de cette façon. Ca peut être incompris. J’ai vu qu’Isaac (Kiese Thelin, NDLR) s’échauffait. Je me suis dit que c’était pour moi…” Il avait raison. Mais il a su réagir comme il fallait. Ce n’est pas Bordeaux qui s’en plaindra. Et Willy Sagnol non plus.
par Ali MAKHAN