
ET CREAVIT DEUS HOMINEM AD IMAGINEM SUAM
Chaque semaine Jean-Pierre Frankenhuis pose son regard amusé sur l’actualité d’un ballon qui ne tourne pas toujours rond.
Chaque semaine Jean-Pierre Frankenhuis pose son regard amusé sur l’actualité d’un ballon qui ne tourne pas toujours rond.
Ce n’est pas nécessairement rassurant de s’entendre dire que l’on est un “dirigeant dépassé”. La première réaction, bien entendu, est de demander “de quoi il se mêle celui-là”. Mais s’il s’agit d’un commentaire du Président de la République et que l’on est simple dirigeant (dépassé ou non) d’une Ligue de Football en France, “il” se mêle de ce qui le regarde. Et ce n’est pas le premier à le faire.
Après la débâcle des Bleus au Mondial de 2010, le Président de l’époque avait décidé de prendre en main l’avenir de l’équipe de France, en réclamant la tenue d’états généraux du football français afin que “les responsables tirent rapidement les conséquences de ce désastre”. Et d’ajouter qu’à partir de ces conclusions “le gouvernement engagera une réflexion plus générale sur la gouvernance des fédérations sportives.”
Le gnome de la FIFA s’était manifesté, à l’époque, en menaçant de bannir la FFF de toutes compétitions internationales en estimant qu’il s’agissait là d’interférence politique de la part du gouvernement dans les affaires du football, ce qui est proscrit par l’entité suprême du sport.
Dommage que cette rigueur n’ait pas été appliquée à l’URSS alors que le football, comme tous les autres sports, y était affaire d’État. Les athlètes étaient “employés” par des sociétés d’État. (Comme une Mairie, La Poste ou EDF en France ? Chut, on t’a rien demandé). Les entraînements se faisaient dans des centres gérés et maintenus par l’État. (Tiens, ça ressemble à l’INSEP, ça. Tu vas te taire, oui ?).
On trouve même des textes officiels qui définissent ce système. Par exemple, toutes les fédérations sont placées sous la tutelle du Ministère des Sports qui “est responsable de la conduite des politiques sportives et délègue aux fédérations sportives le pouvoir d’organiser et de promouvoir la pratique de leurs disciplines”. Et le texte officiel ajoute que “la collaboration entre l’État et le mouvement sportif n’exclut pas le maintien sous la pleine autorité de l’État d’un certain nombre de prérogatives dans la conduite des politiques sportives.”
Ah ! bon, c’est traduit du russe ? Non, non, c’est un texte officiel de “notre” Ministère des Sports. Et comme le Ministre est sous la tutelle du Premier Ministre et que celui-ci est sous la tutelle du Président, on finit par pouvoir légitimement exprimer au plus haut de l’État qu’un dirigeant de Ligue de football est “dépassé”. Ligue qui, elle, est sous la tutelle de la Fédération, qui est sous la tutelle de… Bon, vous avez compris…
Chacun sa danseuse. Sous tutelle, bien entendu.
Par Jean-Pierre FRANKENHUIS suivre @jpbordeaux16