
C’est du 100% à coup sûr
Chaque semaine Jean-Pierre Frankenhuis pose son regard amusé sur l’actualité d’un ballon qui ne tourne pas toujours rond.
- 19 février 2016
- Posté dans Le clin d'oeil
Avant le début du Championnat des statistiques très précises montrent clairement que tous les clubs ont le même nombre de points. En fait, selon ces mêmes statistiques, ils sont tous en tête. Ou tous derniers. Étonnant, ce que l’on apprend par les chiffres.
Ainsi va la statistique, envahissante, souvent farfelue et faite surtout pour meubler pendant d’interminables “Chambolle passe à Musigny qui repasse en retrait à Chambolle qui tiiiiire, oh, la, la ! Ça frôle le poteau à 3 mètres…”, comme si nous étions aveugles et avions allumé la télé juste pour éclairer la pièce.
Il semblerait, par exemple, et toujours selon de savants calculs de probabilité, qu’un club en Champions League qui a perdu par 4 x 0 à la maison aura 8,3167 % de chances de se qualifier au match retour. Il fallait vraiment en appeler à la science pour un tel résultat probant.
Une autre étude démontre que dans un Championnat à 20 clubs il faut en moyenne 39 points pour ne pas descendre en division inférieure. Donc, en moyenne, si on a 39 points à quelques journées de la fin, autant partir en vacances tout de suite. Soit on est déjà descendu, soit on sait que l’on va pouvoir vivre d’illusions une année de plus. En moyenne.
“Il faut marquer lorsque l’on tire et il vaut mieux gagner qu’avoir le ballon. Surprenant, non ?”
Cette emprise de la statistique trouve son sommet lors des commentaires pendant une rencontre. Alors qu’il ne se passe pas grand-chose, le polytechnicien de service annonce à la 30ème minute d’une voix excitée et savante que ces deux clubs, cette année, n’ont jamais pris un but dans les dernières 15 minutes de la 1ère mi-temps. Bon, autant aller chercher une autre bière, faire un petit détour par les toilettes et finir de lire l’article sur le passage des oies sauvages au-dessus du bassin d’Arcachon.
Pour bonne mesure on nous fournit aussi le nombre de kilomètres parcourus par un joueur pendant la rencontre, chiffre qui s’affiche lorsqu’il est remplacé. Attention, est-ce que le chemin qu’il parcourt pour sortir du terrain est compté et va fausser cette statistique essentielle ?
De même ne pas oublier le pourcentage de possession de la balle, difficilement perçu à l’œil nu, n’est-ce pas, alors que les 22 joueurs se trouvent tous sur une moitié du terrain depuis une demi-heure. Et l’on apprend aussi qu’ avec 75 % de possession l’un des clubs a tiré quatre fois au but sans trouver le cadre, l’autre n’a eu que trois tirs mais a marqué les deux fois. Enseignement ? Il faut marquer lorsque l’on tire et il vaut mieux gagner qu’avoir le ballon. Surprenant, non ?
Plus prosaïquement, on nous communique souvent le pourcentage de passes réussies par un joueur, comme si les sifflets et les insultes des spectateurs quand il rate sa troisième passe d’affilée étaient uniquement déclenchés par ce chiffre. “Eh ! Juarez, t’as 67,8 % de passes ratées, espèce d’unijambiste !”
Quant à l’entraîneur sur le banc, il sait qui fait quoi pendant la rencontre. Ou ne le fait pas. Sans pourcentage. Sans statistiques. Contrairement aux experts. Pourtant, à le voir imiter un moulin-à-vent, faire des aller-retour constants vers le banc ou des sauts furieux sur place, nous suggérons que les télés ajoutent une nouvelle statistique, permanente et consultable à tout moment : sa tension artérielle. Celle-là, au moins, pourrait à terme être utile.
Par Jean-Pierre FRANKENHUIS suivre @jpbordeaux16