
Le prix de la défaite
Chaque semaine Jean-Pierre Frankenhuis pose son regard amusé sur l’actualité d’un ballon qui ne tourne pas toujours rond.
Chaque semaine Jean-Pierre Frankenhuis pose son regard amusé sur l’actualité d’un ballon qui ne tourne pas toujours rond.
Il est toujours difficile de mettre un coût pour une victoire ou une défaite. En principe, selon les canons traditionnels de la vox populi, la victoire n’a pas de prix et une équipe perdante ne vaut pas un centime.
Ne sachant plus très bien de quoi parler après avoir donné un zéro pointé à tous les joueurs anglais lors de leur élimination contre l’Islande – pays dont 10% de la population était au stade à Nice – le Times de Londres a décidé de s’en prendre à l’entraîneur, Roy Hodgson.
Mais au contraire de nos clairvoyants commentateurs de football qui analysent tranquillement – après coup – ce qu’il fallait faire, ce qui a été fait, ce qui aurait dû être fait et, pour bonne mesure, ce qu’il ne fallait surtout pas faire, le journal britannique, sous l’entête “Millions Gaspillés”, s’est intéressé non pas à l’aspect tactique et technique, mais plutôt à la rémunération du vieux Hodgson. (À mon âge je peux me permettre de dire “vieux” à propos de quelqu’un, aussi longtemps qu’à mon tour je ne subisse pas un tel affront).
Dans un tableau particulièrement intéressant où les montants sont en Livres (pour bien montrer que le Royaume Uni est sorti de l’Europe ?), il est démontré que Roy Hodgson touchait autant que le total de six des entraîneurs s’étant, eux, qualifiés pour les quarts de finale.
Selon le Times, Hodgson recevait £ 3,5 millions par an alors que les six totalisent £ 3,52 millions par an. Voici le détail : Adam Nawalka (Pologne) £ 200; Chris Coleman (Galles) £ 200; Lars Lagerback (Islande) £ 346 ; Marc Wilmots (Belgique) £ 515 ; Fernando Santos (Portugal) £ 962 et Didier Deschamps (France) £ 1,3 million.
Pour couronner le tout, Hodgson recevait plus que chacun des deux autres entraîneurs qualifiés pour les ¼ : Joachim Löw (Allemagne) £ 2,15 millions et Antonio Conte (Italie) £ 3,15 millions. Tout ça pour ça…
La leçon à en tirer ? Il n’y en a pas vraiment, sinon à se demander pour quelle raison on a absolument voulu devenir médecin ou ingénieur plutôt qu’entraîneur de foot… Oui, bon, c’est stressant et on ne sait jamais ce que l’avenir vous réserve, mais pour € 22 million d’indemnisation, comme c’est le cas pour que Laurent Blanc quitte le PSG, qui ne voudrait pas un peu de stress et d’insécurité de l’emploi ?
A ce sujet il est aussi intéressant de noter qu’après avoir eu une belle carrière comme footballeur à Manchester United, Gary Neville est devenu consultant à la télévision anglaise où il disséquait le jeu des équipes avec maints diagrammes et écrans interactifs très sophistiqués. Du coup, il a été engagé comme entraîneur par Valence en Espagne, mais l’histoire ne dit pas s’il a emmené ses écrans. Le fait est qu’après 4 mois où son bilan en championnat était de 3 victoires, 8 nuls et 6 défaites, il a été remercié.
Pour quelle raison parler de Gary Neville ? Parce qu’à la suite de son “succès” en Espagne il a été engagé par la FA (la fédé anglaise) comme adjoint de Roy Hodgson. Et qu’il est parmi les candidats potentiels à sa succession. Vous avez dit “c’est n’importe quoi ?”. Bienvenue dans le monde du football.