
L’Algérie en quart : à Paris, tous y croient !
L’Algérie est qualifiée pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde et affronte l’Allemagne, l’un des favoris de cette compétition. A Paris, amoureux du foot ou spécialistes, tous y croient.
- 30 juin 2014
- Posté dans Brasil 2014
L’Algérie est en huitième de finale. Si à Paris, beaucoup y voient un exploit, Yassine Bouali, journaliste sportif et correspondant de El-Watan, parle lui “d’une performance.” Il poursuit : “Pour les gens d’ici, il faut trouver une occasion de manifester sa joie. Beaucoup de jeunes binationaux sont en mal d’identification. Certains se sentent marginalisés car ils n’ont pas été associés à la victoire de la France.” Selon lui, ils se reconnaissent dans les joueurs algériens, qui pour la plupart sont nés en France. “Pour les spécialistes ce n’est pas un exploit car l’Algérie est un pays de foot. L’équipe était déjà présente en 2010.” Cette qualification est plutôt le résultat d’un ensemble de facteurs. “Bien sûr, il y a la patte Halilhodzic. Il leur a apporté la culture de la gagne. Mais, il y a aussi le talent de cette génération. 99 % ont été formés en France et on connaît l’excellence de la formation française. Aujourd’hui, pour la plupart, les Algériens jouent dans des grands clubs, ils ne sont plus tous issus de clubs du pays.”
“L’Allemagne ? Ce n’est pas un foudre de guerre !”
Enfin, il souligne évidemment le rôle de la politique et salue l’implication des instances sportives : “La fédération algérienne a fourni des moyens énormes”. Une victoire au prochain match contre l’Allemagne est tout à fait possible “Ce n’est pas un foudre de guerre ! On l’a vu contre le Ghana” (match nul 2-2). Et de rappeler les victoires de 1965 (2-0) et 1982 (2-1) : “Jamais deux sans trois. Lors de ces deux matches, l’Algérie a battu l’Allemagne qui est devenue championne du monde par la suite. Et si cette fois, l’Algérie les battait et devenait championne du monde à son tour ? Ils ne me font pas peur.” Mais, si les fennecs gagnent, ils pourraient retrouver les Bleus en quart de finale : “Ce serait une revanche ! Après le dernier match gagné par la France 4-1. Ce sera un match spécial, notamment pour Karim Benzema.” Mais, si l’Algérie est battue, le journaliste ne perd pas espoir pour autant : “Si l’Allemagne gagne, en quart de finale, elle perdra contre la France.”
“J’espère que l’Algérie va bien résister”
A Paris, les supporters y croient. Direction Marx Dormoy, un quartier du XVIIIe arrondissement où de nombreuses cultures et nationalités cohabitent. Sarah, 29 ans, est née à Oran et est arrivée en France il y a dix ans. Elle regarde les matches avec son mari, Abdel-Karim, un ancien joueur de football qui a évolué en National. Et quand l’heure le permet, ils se réunissent aussi avec leurs quatre enfants, dont deux garçons qui adorent le foot. Elle revient sur le dernier match où la tension était à son comble. “Contre la Russie, je trouve qu’ils ont bien joué, surtout une fois qu’ils ont marqué le but. Ils n’ont rien lâché.” Son joueur préféré ? “Raïs, il est sûr de lui, je l’aime bien. Et s’il n’avait pas été là contre la Russie, l’Algérie aurait pris quatre ou cinq buts.” Pour elle, cette qualification en huitième de finale est donc méritée. Quant au quart, l’espoir est là : “Même si l’Allemagne est meilleure sur le papier, j’espère que l’Algérie va bien résister.” Mais, demain, ce n’est pas seulement le match de l’Algérie qui l’intéresse. “Je ne regarde pas le foot d’habitude, mais quand la France joue, je regarde tous les matches. Donc demain, je soutiens les deux équipes, la France, puis l’Algérie.”
Chez les Sokri, on est fan de foot de père en fils. Né dans un petit village à côté de Tizi-Ouzou, Belaïd, 35 ans, est arrivé en France en 2003. Il se souvient de Mexico 1986. “Les jeunes du village et des alentours et des voisins venaient regarder les matches chez nous car nous étions peu nombreux à l’époque à avoir une télévision. On se réunissait donc par dizaines autour du poste.” Aujourd’hui, tout a changé, mais la joie reste la même. “Pour la qualification en huitième, mon frère m’a appelé, c’est la fête là-bas !” Il reconnaît aussi que c’est la première fois qu’il voit l’Algérie à un tel niveau. “Avant on se disait que c’était bien lorsque l’on se qualifiait pour la Coupe du monde. Mais, là j’y crois, ils peuvent battre les Allemands. La France qui avait gagné ses matches haut la main a fait match nul contre l’Equateur. Et l’Espagne a été éliminée. C’est ça la magie du football. ” La conclusion revient à son fils, Méziane, 5 ans (photo ci-dessus) : “One, two, three, viva l’Algérie !”
Marie-Eve Wilson-Jamin