
Matthieu Bideau : “Vouloir être copain, ami ou confident d’un joueur ça a été mon truc à mes débuts mais plus aujourd’hui”
Rodelin, Bammou, Cissokho, Djilobodji c’est lui et son équipe. A 33 ans, Matthieu Bideau, responsable du recrutement au FC Nantes, nous parle de son métier et des joueurs.
- 5 décembre 2014
- Posté dans L'interview
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Matthieu, comment définiriez-vous votre rôle au FC Nantes ?
Je suis responsable du recrutement « jeunes » au FC Nantes. Je gère au quotidien 9 recruteurs dont le but est de nous signaler les meilleurs éléments de leurs secteurs des U12 jusqu’au National Seniors. Nous essayons d’être très performants dans un rayon de 200 kms autour de Nantes et en région Ile de France. Nous ne sommes pas éparpillés partout car la concurrence est ultra féroce sur le recrutement des jeunes joueurs et il vaut mieux concentrer toute notre énergie sur nos fondamentaux. Je pars du principe que « trop d’informations tue l’information ».
Comment êtes-vous arrivé à ce poste de responsable du recrutement ?
J’ai été pensionnaire du centre de formation du FCN pendant une saison en 1996-1997 mais j’ai échoué. Ensuite j’ai eu la chance d’obtenir mon CAPEPS et d’être muté à Sarcelles comme enseignant d’EPS. Le FCN a fait appel à moi pour observer les jeunes joueurs en région parisienne. J’ai eu l’opportunité d’amener en stage des jeunes observés et ils ont fait le boulot ! Je suis là grâce à eux. Ils m’ont mis en avant au sein du club grâce à leurs performances. Pendant 5 ans j’ai été les yeux du FCN en Ile de France jusqu’au jour où la direction du club m’a proposé de basculer à plein temps au club comme responsable du recrutement. Une dizaine d’années après avoir été « éjecté » de La Jonelière je suis devenu celui qui décidait qui allait y rentrer. La boucle était bouclée !
Comment travaillez-vous ?
C’est très simple ! Je ne suis rien sans les recruteurs du club ! Eux défrichent et tentent d’être dans le bon timing pour me signaler les meilleurs joueurs de leurs régions. Ensuite, avec Samuel Fenillat (Directeur du centre de formation), on se doit d’être réactifs et efficaces. Tous les mercredis et week-ends on monte dans la voiture et on part observer ces jeunes qui nous ont été signalés. Ils proposent, on choisit ! Il faut viser juste et ne pas perdre de temps pour se positionner car nous sommes une bonne trentaine de clubs professionnels à se tirer la bourre sur les terrains. Il est crucial de décider vite et bien !
Quels joueurs avez-vous découverts ?
Ce n’est pas Matthieu Bideau seul qui a découvert qui que soit ! Il y a toujours un recruteur qui vous oriente à un moment donné. Vous ne décidez pas comme ça un matin d’aller observer un match de U14 à Bobigny ou un match de CFA2 en Maine et Loire. C’est vos « gars » qui vous y emmènent. Découvrir un joueur veut dire le faire venir dans votre club à moindre coût voire à zéro euro et donc que vous êtes quasi seuls à vous positionner sur ce dernier. Je dirais donc que des joueurs comme Loïc Nego, Lionel Carole, Georges Kévin Nkoudou, Sofiane Hanni, Vincent Sasso, Aristote Ndongala, Ronny Rodelin, Yacine Bammou, Issa Cissokho, Papy Djilobodji sont de « beaux recrutements ». J’en oublie peut être. Ils ne sont pas tous arrivés en professionnel au bon moment au FCN mais ils vivent tous très bien aujourd’hui! Certains joueurs sont arrachés aux autres clubs grâce au côté commercial. C’est bien aussi parce que l’objectif est atteint mais cela n’a pas la même saveur ! Quand vous avez donné à une famille d’un jeune de 13 ans des primes allant de 50.000 à 250.000 euros et que ce dernier signe professionnel à 18 ans, vous pouvez être content certes, mais c’est logique et quasi obligatoire en termes de rentabilité. Vous avez été le meilleur commercial mais pas forcément le meilleur recruteur dans le sens où je l’entends. Mais attention ! Je ne dis pas que je suis le meilleur, loin de là !
Quels liens entretenez-vous avec les joueurs? Les suivez-vous au fil du temps?
J’ai appris une chose en 10 ans : il ne faut rien attendre des joueurs. Je me suis fortement attaché aux premiers jeunes que j’ai fait venir. J’ai beaucoup donné émotionnellement, affectivement ainsi qu’énormément de temps… Au final j’ai souvent été déçu. Le plus important pour eux restent leurs familles et c’est normal ! Ils sont conscients qu’ils vous « doivent » une petite partie de leur réussite mais ils n’ont pas à vous remercier. Au départ j’ai attendu cela car le football est ma passion, aujourd’hui je n’attends plus rien. J’ai compris que je fais tout simplement mon métier. Vouloir être copain, ami ou confident d’un joueur ça a été mon truc à mes débuts mais plus aujourd’hui. J’échange quand c’est une demande du joueur sinon je le laisse tranquille. Par contre je suis de ma petite fenêtre les jeunes formés au FC Nantes dans la suite de leur carrière bien évidemment.
Quel regard portez-vous sur le début de saison du FCN ? Comment voyez-vous ce match face au Paris Saint-Germain ? Quelles sont, à votre avis, les clés pour que Nantes ramène des points du Parc ?
Notre début de saison est bon voire très bon. Le PSG est invaincu à domicile et boxe dans une autre catégorie que nous. Ce match va logiquement être très difficile mais pourquoi ne pas les faire douter ? Comme à chaque match il faut y aller avec beaucoup de cœur et peut être un poil plus de concentration que dans les autres matches. Une petite erreur d’inattention au Parc actuellement, et c’est ficelle dans la foulée ! La seule certitude c’est que les gars, sous l’impulsion du coach, vont tout donner. Après je ne suis pas devin …
Propos recueillis par Gauthier DUCHAINE
Crédit photo : Arnaud Duret (FCN)